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Les cadrans solaires Zarbula

Près d'une centaine de cadrans solaires réalisés entre 1830 et 1880 est attribuée à un cadranier appelé Zarbula. La notoriété de cet artiste cadranier d'origine piémontaise est exceptionnelle et reste cependant mystérieuse. On ne sait pas grand-chose de Zarbula. On ignore jusqu'à son nom : Zarbula ou Zerbolla ? La plus grande partie de ces créations se situe dans le nord-est du département des Hautes-Alpes (05) : Briançonnais, Queyras, Vallouise, Clarée, ... D'autres cadrans se trouvent en Ubaye (04), à Valloire (73) et du côté italien dans le Val Chisone en Piémont (IT).

ZARBULA - ZERBOLLA - ZERBOLA ?

Le nom de Zarbula apparaît dans l'opuscule "L'Art populaire dans le Briançonnais : les cadrans solaires" du Docteur Raphaël Blanchard dont la seconde édition a été publiée à Paris en 1901. Il semble que le nom Zarbula est une transformation du patronyme Zerbola lui-même dérivé de Zerbolla et que les initiales : Z. G. F. ; G. Z. F. ou Z. J. F. faisant office de signature des œuvres ont été mal interprétées, ainsi :
Z. G. F. peut signifier Zerbola Gioanni Fecit
G. Z. F. Gioanni Zerbola Fecit
Z. J. F. Zerbola Jean Fecit
Ces interprétations du Dr Blanchard ont été systématiquement reprises par la suite et le nom Zarbula apparait dans tous les textes et ouvrages relatifs aux cadrans solaires associés à ce nom, avec pour prénoms Giovani Francesco !
Il semble, de plus, que nous avons affaire à une famille de cadraniers (frères, cousins ou neveux) portant ce même patronyme Zerbolla. Tous ces cadrans sont peints à fresque, technique parfaitement maîtrisée par cet ou ces artistes "Zerbolla".

Tout ce qui a été écrit sur Zarbula est à voir avec le plus grand sens critique, sous un nouvel angle et des approches différentes ! Cela n'enlève rien à l'ensemble de cette oeuvre tant sur le plan gnomonique qu'artistique.
La fraîcheur des couleurs conservées sur les cadrans et la justesse de leur fonction horaire confirment une belle maîtrise de la méthode de construction utilisée. Faux-marbres, encadrements en trompe-l'oeil, tentures de théatre, corbeilles de fleurs, cornes d'abondance, soleils souriants sont autant d'éléments décoratifs d'une grande finesse.

st_veran 1838

Il est fait mention du nom Zerbola Jean (Gioanni) dans le registre des travaux effectués pour la paroisse de Saint-Véran (05) pour l'année 1838.



Selon une source, Zarbula serait né à Vigone (TO-IT)

Une autre hypothèse donne comme berceau de la "famille Zerbolla" la ville de Pondérano (BI-IT)
Localisation des cadrans solaires "Zarbula"


source citant Vigone (TO-IT)
 comme lieu de naissance de
 Giovanni Francesco Zarbula.

Une nouvelle piste a été évoquée par Françoise Alexandre lors d'une causerie à Jausiers (04) en août 2016 et à la réunion de la Commission des cadrans solaires à Strasbourg en mai 2017.

Des recherches généalogiques font état de Gioanni Maria Zerbolla, né à Pondérano (BI-IT) vers 1802-1803. Il s'est marié à La Bâtie-Montsaléon (05) en 1835. Il a vécu à Lagrand (05) où il est décédé en 1848. Il était maçon.

signature zerbola 1

Un second Gioanni Zerbolla, né à Pondérano vers 1810, plâtrier peintre, réside temporairement à Embrun (05) où un de ses enfants nait en 1865.

signature zerbola 2

Sa  fille Marie-Caroline née à Pondérano en 1863, s'établit à Ceillac (05) où elle décède en 1932. Est-ce nos artistes ?
Quels liens de parenté entre eux : frères, cousins ? Le mystère "Zarbula" demeure ...



Gaëlle Putelat distingue dans l'évolution du style de "Zarbula" trois périodes : la "période des oiseaux", la "période géométrique" et la "période baroque". A partir de 1845, "Zarbula" fait apparaître le compas et l'équerre entrelacés sur ces cadrans. Ces évolutions corroborent-elles l'idée selon laquelle nous avons affaire à des artistes différents ? [Extraits de la présentation de G. Putelat : "Les mystères de Zarbula" faite à Aiguilles-en-Queyras le 29/06/2008 dans le cadre du 13e Festival du livre et de l'image en Queyras]

*
Puy-Saint-Pierre (05) : Le Pinet
1842
 Molines en Queyras (05) : La Rua
 Eglise Saint-Romain - 1849
St Martin-de- Queyrières (05) : Prelles
 1845

Zarbula un personnage mystérieux, une source d'inspiration

* *
Briançon (05) : Musée du Temps
Trompe-l'oeil évoquant le travail de "Zarbula"
représentation de Zarbula sur la couverture d'un livre  par le peintre, cadranier et fresquiste, Rémi Potey Le Roux-d'Abriès (05)
Le cadranier s'est amusé à se peindre en trompe-l'œil sur le mur, en train d'exécuter son œuvre. Réalisation Enrico Apignani


La Grave (05) : Le Chazelet
Création Rémi Potey - 2002

Eygliers (05)
Création Atelier Acacia

Bourg-d'Oisans (38) : Les Sables
auteur inconnu

Quelques commentaires sur Zarbula

"Ce qui est remarquable avec Zarbula c'est que nous nous trouvons face à du grand art gnomonique, dans une région rurale encore très rustique, peu praticable. On ne va pas dans le Queyras par hasard, ce n'est pas un lieu de passage mais un endroit clos, inhospitalier. On ne trouve pas de cadrans de Zarbula dans les villes, comme Gap, Briançon, Guillestre ou Embrun mais ils sont installés sur des habitations ordinaires, des fermes, parfois dans des lieux très isolés."

Alain Ferreira, de la Commission des Cadrans solaires de la Société astronomique de France (SAF)

"Il est hors de doute que Zarbula fut un infatigable marcheur. Pendant quarante ans, il a arpenté les routes et les chemins des Hautes-Alpes, des Alpes de Haute-Provence et de la Savoie, de ce côté-ci des Alpes, et les chemins et les routes du Piémont, sur leur autre versant ». « ...la zone où se circonscrit son oeuvre est minuscule : Valloire, Fenestrelle, Argentera et Seyne en forment les quatre sommets matérialisant, ainsi, un rectangle d'à peine 3500 kilomètres carrés. Mais, cette petite campagne, il l'a sillonnée sans relâche, allant, venant et revenant".

"Des commentateurs se sont étonnés de la production de Zarbula, certaines années, en particulier en 1840, avec onze cadrans. Or Zarbula disposait, chaque année, d'une bonne quinzaine de jours, à cheval sur la date du solstice d'été, pour tracer des sous-stylaires par la méthode du cercle hindou, sans terminer les cadrans. Une fois ses différents murs ainsi "gnomonisés", entre le 10 et le 30 juin, il avait ensuite tout loisir pour achever son tracé, quel que fût l'état du ciel. Presque chaque jour de juin, il aurait pu ainsi préparer un mur, même dans des villages éloignés les uns des autres"

Paul Gagnaire «L’équerre et l’oiseau»

"Je découvre que l’on sait fort peu de choses au sujet de Zarbula. Quand est-il né? Quand est-il mort? Pourquoi utilise-t-il tel ou tel thème? Était-il peintre, maçon, ou cadranier itinérant? Étrange destin d’un homme inconnu . Aucun écrit ne nous est parvenu jusqu’à maintenant. Mais quel bonheur, il nous reste ses cadrans! C’était son langage. On dira d’un tel autre, qu’il a l’esprit de géométrie. Je crois pouvoir dire de Zarbula qu’il a l’esprit de finesse! Si ses cadrans étaient des discours, je dirais qu’ils n’ont pas encore subi l’équarrissage, conduisant à de multiples résonances et harmoniques. Il nous faut donc étudier les cadrans de Zarbula, pour découvrir le mystère ambiant et le génie de ce créateur solitaire. En s’initiant à sa méthode de construction de cadrans, nous pourrions peut-être entendre le dernier des versets de Rûmi, celui qui disait : « Viens, qui que tu sois, cueillir les mille secrets répandus comme des pétales de roses jetés sur ma tombe.» Ne connaissant pas l’endroit de sépulture de Zarbula, il ne nous reste qu’un choix logique : son monument n’est rien de moins que ses cadrans dans les Alpes."

André E. Bouchard secrétaire général Commission des Cadrans solaires du Québec

Restauration des cadrans de Zarbula :

Zarbula : un personnage de roman


La trilogie "Les Larmes du Soleil"
* Les Soleils de Zarbula
** L'Or perdu de la Séveraisse
*** Les Braconniers du Temps
Michel Floro et Alain Rota
se sont associés pour écrire le récit d'un cadranier-poète célèbre dans les Alpes du XIXe siècle, Giovanni Francesco Zarbula.
Dans cette trilogie, ils nous parlent du personnage de G.F.Zarbula en proposant de reconstruire sa vie, une vie romancée, à partir de ses trajets et de ses réalisations.
 
 Editions "La Fontaine de Siloé" - 2005