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LES CADRANS SOLAIRES*

À TRAVERS LA LITTÉRATURE
XVII & XVIIIèmes siècles

Sélection d'un
auteur et d'une oeuvre

Jacques Pousset de MONTAUBAN (1610-1685)
à propos du cadran de la Groirie
Trangé (72) - 1652
( transféré à l'abbaye de l'Epau au Mans )

Suivant une route battue
J'arrive dans un bois épais,
Qui, pour garder l'ombre et le frais,
De ses feuilles forme une nue.
A gauche est une perspective,
D'un émail de toutes couleurs,
Peint sur un parterre de fleurs
D'une beauté brillante et vive.
Parmi tous ses feux éclatants
Se voit la mesure du temps
D'une invention singulière :
Le soleil y souffre des lois,
Et l'art y souffre sa lumière
De marquer l'heure en mille endroits.
Tant de fleurs que l'oeil idolâtre
Ne font peine que dans le choix.


Cyrano de BERGERAC (1619 - 1655)
"Histoires comiques"

l'ombre de ce nez qui vient tomber dessus marque comme un cadran ... et voilà pourquoi en ce pays tout le monde a le nez grand.


François RABELAIS (1619-1655)
"Gargantua"

Et, parce que les religions de ce monde, tout et compassé, limité et réglé par heures, fut décrété que là ne serait horloge, ny quadrant aulcun. Car, disait Gargantua, la plus vraie perte du temps qu'il sceust estoit de compter les heures.


Mme de Sévigné


Marie de Rabutin-Chantal - marquise de SÉVIGNÉ  (1626 - 1696)
"lettres de Mme de Sévigné"
ces lettres non destinées à « entrer dans la littérature »
furent conservées par sa famille, et publiées au XVIIIème siècle.

Dans la lettre de Mme De Sévigné au président De Moulceau  du 27 Janvier 1687, on peut lire :
"En effet, ce n’est point ce que l’on pense : la Providence nous conduit avec tant de bonté dans tous ces temps différents de notre vie, que nous ne les sentons quasi pas ; cette perte va doucement, elle est imperceptible : c’est l’aiguille du cadran que nous ne voyons pas aller. "

Au château des "Rochers-Sévigné" à Vitré (35), ancienne résidence bretonne de Madame de Sévigné se trouve un bloc gnomonique  * *

Jacques-Benigne BOSSUET
(1627 - 1704)
"Traité de la connaissance de Dieu et de soi-même"
Source

Et même, en considérant ce qui profite au corps, l'âme découvre par occasion une infinité d'autres choses ; en sorte que du petit corps où elle est enfermée, elle tient à tout et voit tout l'univers se venir, pour ainsi dire, marquer sur ce corps, comme le cours du soleil se marque sur un cadran.


Boileau
Nicolas BOILEAU (1636-1711)
 Épigrammes - 1704

L'amateur d'horloges.
Épigramme XXXVIII.

"Sans cesse autour de six pendules,
De deux montres, de trois cadrans,
Lutin, depuis trente et quatre ans,
Occupe ses soins ridicules.
Mais à ce métier, s'il vous plaît,
A-t-il acquis quelque science ?
Sans doute ; et c'est l'homme de France
Qui sait le mieux l'heure qu'il est !"

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Jonathan SWIFT (1667 - 1745)
"Voyages de Gulliver" - 1735
"Il y avait un astronome qui avait entrepris de placer un cadran solaire au sommet de la grande girouette de la maison de ville, en combinant les mouvements annuels et diurnes de la terre et du solail, de façon à correspondre et coïncider avec tous les changements de vent qui peuvent se produire."

Jonathan Swift est un écrivain irlandais d'origine anglaise connu pour ses satires et ses pamphlets humoristiques. Célèbre pour avoir écrit "Les Voyages de Gulliver" en 1721. Une version censurée et modifiée par son éditeur paraît pour la première fois en 1726 ; ce n’est qu’en 1735 que paraîtra une version complète.

Fontenelle


FONTENELLE (1657 - 1757)
"Eloges"

Dans son "Eloge à Varignon", Fontenelle écrit :
"Comme les architectes, et quelquefois les simples maçons savent faire des cadrans, Varignon en vit tracer de bonne heure, et ne le vit pas indifféremment. Il en apprit la pratique la plus grossière." Son 
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Dans sa "Notice historique sur Fontenelle" (p. xvii), J.B.J. Champagnac rapporte ce bon mot de Fontenelle :

Fontenelle


Le thème de cette fable a été repris par Louis de Roca dans ses fables :"La controverse des montres" et "L'Horloge et le Cadran solaire" (1803)
Antoine Houdart de la MOTTE (1672-1731)
"Fable"

Un jour, la montre au cadran insultant
Demandant quelle heure il était
Je n'en sais rien, dit le cadran solaire
- Eh ! que fais-tu donc là, si tu n'en sais pas plus,
- J'attends, répond-il que le soleil m'éclaire
Je ne sais rien que de Phoebus,
- Attends le donc, moi, je n'en ai que faire,
Dit la montre, sans lui, je vais toujours mon train,
Tous les huit jours, un tour de main,
C'est autant qu'il n'en faut pour toute ma semaine,
Je chemine sans cesse et ce n'est point en vain,
Que mon aiguille en rond se promène,
Ecoute, voilà l'heure, elle sonne à l'instant,
Une, deux, trois, quatre, il en est tout autant,
Dit-elle. Mais tandis que la montre décide,
Phoebus, de ses rayons ardents,
Chassant nuages et brouillards
Regarde le cadran, qui fidèle à son guide,
Marque quatre heures et trois quarts.
Mon enfant, dit-il à l'horloge,
Va-t-en te faire remonter,
Tu te vantes sans hésiter,
De répondre à qui t'interroge,
Mais qui t'en croit peut se mécompter,
Je te conseillerai de suivre mon usage,
Je parle peu mais je dis bien,
C'est le caractère du sage.


Edward Young


Edward YOUNG (1681 - 1765)
"Nuits"
Son poème "Plaintes ou Pensées nocturnes sur la vie, la mort et l’immortalité" (1742-1745) est connu sous le nom de "Nuits"

Tome I :
"Chaque cadran qui s'offre à nos regards nous montre notre destinée tracée sur nos murs. Il nous dit dans son langage muet : "ô homme, ta royauté va finir & tant qu'elle dure, elles est plus vaine que l'ombre"
Tome II :
"Le cadran ignore l'heure qu'il nous montre : ainsi le vieillard, par ses infirmités, montre à tous les autres, excepté à lui seul, à quelle heure en est la journée de sa vie."

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Charles Simon FAVART (1710 -1792)
auteur dramatique

Tandis que tristement ce globe qui balance
Me fait compter les pas de la mort qui s'avance
Le Français entraîné par ses légers désirs
Ne voit, dans ce cadran, qu'un cercle de plaisirs


Giacomo CASANOVA (1725 - 1798)
"Mémoires" 1750

Je vois beaucoup de monde dans un coin de jardin, se tenant immobile, le nez en l'air. Je demande ce qu'il y a de merveilleux. On se tient attentif à la Méridienne : chacun a sa montre à la main pour la régler au point de midi.


Abbé Jacques DELILLE (Delisle) (1738 - 1813)

Dans ce jardin on ne rencontre
Ni champs, ni prés, ni bois, ni fleurs,
Et si l'on y dérègle ses moeurs
Au moins on y règle sa montre.


"canon méridien" du Palais-Royal à Paris (75)


Johann Wolfgang von GOETHE (1749 - 1832)
"Voyage en Italie" (1816-17)
SECOND SÉJOUR A ROME
Rome, 3 septembre 1787

Je suis revenu à l’Egypte. J’ai visité quelquefois, ces derniers jours, le grand obélisque, qui est encore gisant dans une cour, brisé, au milieu des décombres et de la boue. C’était l’obélisque de Sésostris, érigé à Rome en l’honneur d’Auguste ; il servait de style au grand cadran solaire tracé sur le sol du champ de Mars. Ce monument, plus ancien et plus admirable que beaucoup d’autres, est maintenant couché et mutilé, dégradé en quelques parties, vraisemblablement par le feu.

Source (p. 411)
 

Johann Wolfgang von GOETHE (1749 - 1832)
"Correspondance de Goethe avec une enfant"
correspondance inédite de Goethe et de Mme Bettina d'Arnim *

Bettina von Arnim, comtesse d'Arnim, (1785-1859 est une femme de lettres allemande. Elle entretient une correspondance avec Goethe qui devint célèbre après la mort de ce dernier sous le titre Goethes Briefwechsel mit einem Kinde (Correspondance de Goethe avec une enfant).


Pierre GOBET (1765 - 1832)
Littérateur et magistrat
"Contes et Epigrammes"

Cadrans solaires et faux amis
Parlent tant que le soleil luit
Et se taisent quand il s'enfuit.



Louis de ROCA (* - *)
"Fables" (1803) : La controverse des montres - L'Horloge et le Cadran solaire
Source
Ces fables sont à rapprocher
de la Fable
d'Antoine Houdart de la MOTTE (1672-1731)


Etienne-Laurent-Jean MAZADE, Marquis d'Avèze (~1757 - 18..)
"Le Jardin du Roi"
Description en vers suivies de notes historiques
Paris, imprimerie de Plassan - 1818
       

Dans cet ouvrage, le Marquis d'Avèze donne, en vers, une description du gong-méridien du "Jardin du Roi" devenu le Jardin des Plantes - Paris 05.

"Mais déjà de sa course atteignant le milieu,
L'Astre brûlant du jour va bientôt mettre le feu
Au mortier, dont le bruit du haut de la montagne
Fait retentir au loin la ville et la campagne
Répéter aux échos qui règnent à l'entour
Que commence dès lors l'autre moitié du jour,
Et dire que l'instant est le plus favorable
Pour avoir du kiosque une vue admirable.

( © cité par Andrée Gotteland dans "Cadrans solaires de Paris")