La
peinture à fresque est une technique particulière de peinture
murale dont la réalisation s'opère, avant qu'il ne soit sec, sur un
enduit. Le terme fresque vient de l'italien «
a fresco » qui signifie « dans le
frais », à l'opposé de peinture «
a secco
» (« à sec ») .
Le fait de peindre sur un enduit frais permet aux pigments de pénétrer
dans la masse, et donc aux couleurs de durer plus longtemps qu'une simple
peinture en surface sur un substrat. Son exécution nécessite une grande
habileté, et se fait très rapidement, entre la pose de l'enduit et son
séchage complet.
L'enduit étant frais, les couleurs s'imprègnent dans l'enduit, qui contient
une substance appelée calcin. Le calcin durant le séchage de l'enduit,
migre vers la surface et se superpose à la peinture créant ainsi une
couche protectrice.
Cette réaction chimique, appelée carbonatation
(par évaporation de l'eau de l'enduit, le gaz carbonique de l'air se
combine avec l'hydroxyde de calcium de la chaux pour former une pellicule
de carbonate de calcium, le calcin), est caractéristique de la peinture
à fresque et lui confère cohésion et dureté. Pour renforcer celle-ci
le peintre passe sur la surface colorée la "langue de chat", un certain
temps après avoir posé sa couleur, et, entre chaque couche pigmentée,
l'eau remonte en surface et dépose le calcin, c'est pour cette raison
que certaines fresques paraissent polies.
La
création du mortier : Le mortier, d'une épaisseur de 5 à 6 cm, est
également appelé arriccio. Sur un mur,
sain et robuste, l'artiste prépare un mortier à base de chaux et de
sable, qu'il étale par la suite en le laissant rugueux (d'où son nom
arriccio). Le choix de la chaux comme mortier n'est pas seulement dû
à ses qualités artistiques mais à ses grandes capacités de conservation
des pigments. L'enduit est constitué de sable (silice) et de chaux en
proportions variables (on ajoute plus ou moins de chaux en fonction
de la finesse voulue pour l'enduit). La dernière couche est constituée
à parts égales de chaux et de sable (c'est la couche la plus lisse et
la plus fine). On fait généralement trois couches d'enduit successives.
Chaque pose doit être séparée de quelques heures dans un ordre décroissant
de temps. La première couche doit être faite plusieurs jours avant le
départ de la peinture, la seconde la veille et la dernière en moyenne
12 h avant. La période, pendant laquelle l'artiste peut peindre, se
situe sur un intervalle très court de quelques heures.
Préparation
de l'enduit : L'enduit est une couche d'environ 5 mm appelée intonaco.
Après avoir esquissé la figure voulue, l'artiste applique sur l'arriccio
sec (chaux totalement carbonatée), mais profondément humidifié au préalable,
l'intonaco, enduit à base de chaux aérienne, lissé à la truelle (longue
et fine appelée "langue de chat"). C'est lui qui recevra les tons de
couleurs, d'où "intonaco". L'artiste doit prévoir la quantité suffisante
à une journée de travail (cette surface entre 1 et 4 m² est appelée
"giornata" ). En effet la peinture
doit être réalisée sur l'enduit encore frais. La préparation de la chaux
est complexe car différente suivant la couche à enduire et doit être
travaillée à la main et non via une bétonnière. L'utilisation d'une
gâche est alors obligatoire. Si la surface à peindre est importante,
il est indispensable que les maçons et peintres travaillent ensemble
mais dans des sections séparées du mur. C'est le maçon qui en général
indique au peintre que le mortier est prêt et la technique pour le déterminer
est simple mais repose uniquement sur l'expérience de celui-ci ; le
mortier doit encore être humide et ne plus coller au doigt ; la peinture
pourra alors recouvrir le mortier sans trop le pénétrer pour perdre
de son intensité, on dit que le mortier est "amoureux".
La
peinture : La peinture est préparée à l'aide de pigments naturels
tels que les oxydes métalliques ou des terres (terre de Sienne, ocres
de Roussillon). La préparation de pigments naturels se fait par pilage
des cristaux et mélange avec de l'eau de chaux. L'eau de chaux est l'excès
d'humidité qui se dégage de la chaux qui a été préalablement mise au
repos. La peinture à fresque demande des pigments spécifiques, tout
pigment utilisé pour la peinture "a secco"
(à sec) ne convient pas toujours au procédé a fresco. Ceci explique
que certains morceaux colorés disparaissent plus vite que d'autres (et
le noircissement de certaines des fresques de saint François d'Assise,
pour lesquelles le peintre a utilisé du blanc de plomb)… Les pigments
réagissent avec la chaux et pénètrent en profondeur tant que le mélange
n'est pas encore sec (chaque zone est appelée giornata car elle devait
être pigmentée dans la journée). Ce procédé ne permet pas de faire de
grandes surfaces au départ. La peinture s'effectue rapidement, le peintre
doit être adroit et précis, chaque erreur s'avère le plus
souvent irréparable. La peinture est le plus généralement commencée
en haut à droite de la surface à peindre afin que les coulures
et les éclaboussures ne détériorent pas le travail déjà effectué. Auparavant
le peintre effectue une première couche de peinture ou "verdaccio",
ombrant et entourant les esquisses réalisées au préalable sur l'ariccio.
Il peut également reporter son dessin préparatoire à l'aide de 2 techniques
:
* le poncif (les grandes lignes du travail,
dessinées sur feuille, sont percées de petits trous au travers desquels
on fait passer l'ocre contenue dans une poncette)
* le calque gravé (les grandes lignes du
calque sont reportées par gravure sur l'intonaco)
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