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HISTOIRE DE LONGITUDE ...

CARTOGRAPHIE ET LONGITUDE

Le problème de la mesure de la longitude est un enjeu crucial pour les géographes. Pendant plus de 16 siècles, ce problème a fait l'objet de bien des recherches.
Ptolémée est le premier géographe moderne. Au IIème siècle après J.C., il recense plus de 8 000 noms de lieux connus sur une carte, en fonction de leur latitude et de leur longitude. Si il est facile de connaître la latitude en mesurant les angles de l'ombre portée, le calcul des longitudes donna lieu à d'énormes erreurs d'échelle.
Le Moyen Age connaît une régression scientifique majeure. L'Eglise rejette toutes les bases scientifiques des grecs pour adapter la cartographie aux dogmes religieux. Les cartes sont alors dominées par une vision biblique du monde, où la Terre est plate.
Au XIIème siècle, les arabes ressortent les cartes de Ptolémée et importent une invention chinoise : la boussole. Grâce à celle-ci et à l'astrolabe, ils dessinent des cartes nautiques. Ces cartes décrivent précisément les côtes, longées par les navigateurs de l'époque.
Les grands voyageurs comme Christophe Colomb, Vasco de Gama ou Magellan, élargissent considérablement les connaissances géographiques de la Terre.
En 1569,
Mercator sort son Atlas, qui regroupe 18 cartes du monde entier. Le globe terrestre est projeté sur un plan où les méridiens sont parallèles à l'équateur. Les territoires polaires sont notoirement déformés.
Au XVIIème siècle, la cartographie est dominée par les hollandais. Sous Louis XIV, Colbert décide de créer ses propres cartes pour ne plus dépendre des hollandais. Il charge un ingénieur,
Jean-Dominique Cassini, de redessiner la France.
Le problème de la mesure de la longitude reste cependant posé.

LE MÉRIDIEN ORIGINE : une querelle franco-anglaise

1634 Le 24 avril 1634 Louis XIII prend une ordonnance fixant l'origine des longitudes à L’île de Fer située arbitrairement à 20° ouest de Paris. L'île de Fer, également connue sous le nom El Hierro ou Ferro, est la plus petite et la plus occidentale des îles Canaries. Pourquoi ce choix ? Sans doute parce qu'on considérait cette île comme placée à l'extrémité du monde. Cela permettait d'avoir une valeur positive pour toutes les longitudes de l'Europe.

1714 En juillet 1714, le Parlement anglais adopte une ordonnance appelée « Longitud Act » lançant un concours récompensant celui qui mettra au point un dispositif permettant de déterminer la longitude en mer avec une marge d’erreur maximale d’un demi degré en quarante-deux jours de mer. Une prime de vingt mille livres, équivalent de deux millions d’euros actuels, est promise. [Anecdote]
L’Observatoire royal de Greenwich devient le siège de la « Commission de la Longitude ». Constituée de scientifiques, d’officiers de marine et de membres du gouvernement, cette commission est chargé de la remise du prix. Elle comprend notamment sir Edmond Halley, astronome royal et le savant Isaac Newton.
La guerre fait rage entre les astronomes et les horlogers. Finalement en 1736, John Harrison, horloger britannique autodidacte, remporte le prix après un essai en mer de son "horloge à longitude" précise. On peut enfin déterminer la différence entre l'heure solaire et l'heure du méridien de référence, et ainsi obtenir la longitude d'un point.

chronomètres de John Harrison

1792 Avec l'adoption du système décimal en 1792, le méridien de l'île de Fer a été remplacé comme méridien d'origine en France par le méridien de Paris.

1795 Le Bureau des longitudes est créé par une loi de la Convention Nationale du 7 messidor an III (25 juin 1795). L'objectif est de reprendre « la maîtrise des mers aux Anglais »», grâce à l'amélioration de la détermination des longitudes en mer. Cet organisme doit donc, à l'imitation du Board of Longitudes anglais, créé en 1714, résoudre les problèmes astronomiques que pose la détermination de la longitude à une précision toujours meilleure, d'où son nom. Ses attributions vont bien au delà : il est chargé de la rédaction de la Connaissance des Temps, publication annuelle contenant des tables astronomiques. Le Bureau des longitudes est chargé du perfectionnement des tables astronomiques. II a sous sa responsabilité l'Observatoire de Paris, celui de l'École Militaire et tous les instruments d'astronomie qui appartiennent à la Nation. Les premiers membres, au nombre de dix, sont : les géomètres Lagrange et Laplace, les astronomes Lalande, Delambre, Méchain et Cassini, les navigateurs Bougainville et Borda, le géographe Buache et l'artiste (fabricant d'instruments scientifiques) Caroché.
Par le décret du 30 janvier 1854, le Bureau des Longitudes a été chargé d'une plus vaste mission, l'amenant, en plus de la réalisation des éphémérides par son "Service des Calculs" créé en 1802, à organiser plusieurs grandes expéditions scientifiques. II a participé à la fondation de plusieurs organismes scientifiques tels que le Bureau International de l'Heure (1919), le Groupe de Recherches de Géodésie Spatiale (1971) et le Service International de la Rotation de la Terre (1988).


1884 Il fallait un système commun pour favoriser les échanges et le commerce entre les pays. Le méridien de Greenwich fut adopté comme standard international en octobre 1884 à la conférence internationale du méridien de Washington. Cette conférence fut l'objet d'une lutte farouche entre la France et le Royaume-Uni sur le choix du méridien zéro. La France voulait qu’il passe par Paris et refuse cette disposition.

1911 En 1911, tous les pays intégreront le système international des fuseaux horaires basé sur Greenwich.

doigt9 mars 1911

Longitude de Paris = - 2 ° 21'

Le Soleil passe au méridien de Paris 9 min 21 sec avant d'atteindre le méridien de Greenwich
Longitude de l'île de Fer ~ + 18° 00'
au centre de l'île (à Frontera)
En fait la longitude de l'île de Fer est comprise entre :
+ 18° 9' 39" et + 17° 52' 53"
(source Google Earth)

Villers-sur-Mer : Avenue de la République, le long de la cote
méridien de Greenwich
"entrée du méridien" en France, matérialisé par des plots lumineux

Anecdote : " Histoire de longitude et roman policier "

Dans son roman "Le cadavre anglais", Jean-François Parotambassadeur et historien de formation.
Il écrit une série policière historique dont le héros est Nicolas Le Floch, commissaire au Châtelet.
Les actions se déroulent au XVIIIème siècle sous LouisXV et Louis XVI
"Le cadavre anglais" est le septième roman de la série.
amène son héros Nicolas Le Floch, commissaire au Châtelet à résoudre une affaire d'espionnage "industriel" qui concerne des horlogers. L'intrigue fait apparaître John Harrisson1693 - 1776, horloger anglais, Pierre Le Roy1717 - 1785 et Ferdinand Berthoud1727 - 1807, horlogers français qui se livre au défi de celui qui réalisera le premier une montre marine, capable de ne pas se dérégler dans le mauvais temps et de restituer le temps qui passe fidèlement depuis le point de départ, pour calculer avec précision la longitude, répondant ainsi au concours lancé par le parlement anglais.