On
a beaucoup écrit sur les sculptures de cette église et, souvent,
les meilleurs spécialistes de l’art roman s’y sont appliqués,
mais ce tracé ne semble pas les avoir particulièrement inspirés.
Il existe, pourtant, aussi, cette autre sculpture (Fig. 2) présentée lors de l’Assemblée générale de la Société d’Histoire de Breitenbach (67), le 16 novembre 2013. Ici l’étoile à huit pointes a été placée sur un écu aux flancs découpés, comme on voit sur les écus allemands ou suisses. Ces comparaisons ne nous satisfont pas pleinement, car l’étoile de Rozier diffère profondément des deux autres, en ceci que sa structure s’organise autour d’un rectangle central et non pas autour d’un carré central bordé par huit autres carrés. A Breitenbach et à Die, la construction s’opère par un tracé compagnonnique bien connu dont les images ci-dessous montrent en quoi il diffère du tracé classique de l’étoile à huit branches, par les géomètres.
Le site de Die présente la méthode compagnonnique pour obtenir le tracé de droite : On regrettera que tous les cercles constructifs n’aient pas été conservés ; nous redonnons la procédure, au complet. |
Comment choisir ? Les deux variantes sont aussi attrayantes l’une que l’autre. Les deux variantes ne sont pas plus attrayantes l’une que l’autre. Voici les deux tracés : Reste alors, l’hypothèse du nombre d’or. Elle devrait pouvoir être validée ou infirmée rapidement : il n’y a qu’à mesurer le tracé sur le mur de Rozier. Mais, hélas, il est bien grossier. Essayons, tout de même. Au maximum du grossissement de notre écran, le rectangle central mesure 85 millimètres par 52 millimètres, soit le rapport 1, 6346. On n’est pas très loin du 1,618. Toutefois, ce ne sont plus vraiment des droites, mais des droites brisées, qui réunissent les huit sommets. Mais en quoi cette particularité serait-elle une obligation ? |
Si nous inclinons vers cette configuration, nous rencontrons une difficulté, mais, peut-être, ne provient-elle que de notre ignorance : comment nommer cette figure ? Parler d’étoile convient-il encore ? Il existe une telle différence entre les secteurs angulaires contenus entre les branches, larges ou étroites, de cette étoile. Est-il meilleur de parler de croix ? Il existe une telle différence entre les largeurs du montant vertical et de la traverse horizontale de la croix. Et puis, si l’on parle de croix, il faut rendre compte de l’entaille des extrémités. Le vocable héraldique « entaillé » ou « entaillé de 8 pointes » convient-il ? Nous avons trouvé deux blasons municipaux où figure une telle croix, mais régulière : le village de Fresse, en Haute-Saône et la ville de Normanville, dans l’Eure. Les voici :
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La croix de Fresse est dite « entaillée » ou « entaillée de 8 pointes » ou encore « fourchée de 8 pointes ». La croix de Normanville est simplement dite « fourchée », mais nous n’avons pas dépouillé tous les armoriaux de France ou écrits en langue française. Il nous semble que la meilleure formulation serait « entaillée » tout court ; on ne préciserait pas le nombre de pointes sauf s’il est autre que 8. En revanche, nous rejetterons sans pitié l’expression « fourchée » car elle est bien établie et désigne une branche de croix terminée par une pique et deux demi-piques, le tout formant deux angles rentrants, comme sur ce blason donné dans « Le Blason » d’Amédée de Foras, pour La Roche-Chémerault. |
Cadrans solaires pésentant cette étoile à huit pointes comme élément de décor : | |
Feings (61) - Eglise
Saint-Gervais et Saint-Protais Cadran méridional, daté de 1741 Devise : "Forsitan ultima vitae" " C'est peut-être la dernière de ta vie " |
Verrières (61) - Eglise Saint-Ouen cadran restauré en 1991 Devise : "Pense à ta dernière heure" |
C’est ici que la gnomonique pourrait faire une discrète apparition. Il existe un autre rectangle, ou, plutôt, pour respecter les usages, un quadrilatère bien particulier et parfaitement défini : le quadrilatère solsticial. C’est la figure formée, sur un cercle, par les intersections des quatre rayons des azimuts des levers-couchers du Soleil lors des solstices. En voici l’image, pour la latitude 46° : Ce quadrilatère solsticial, ainsi que les quatre
rectangles égaux qui le composent, sont tous définis par le ratio du
grand côté au petit et il est clair que ce ratio varie selon la
latitude, puisque c’est elle qui détermine les quatre azimuts
remarquables des levers et des couchers solsticiaux. On trouvera dans
les annexes un tableau complet de ces ratios, par pas de 0.25° de
latitude, de l’équateur jusqu’à la latitude 66°5.
On peut cependant, déjà, relever quelques situations remarquables,
calculées avec l’obliquité de 2018 : L’étoile de
Rozier (lat :
45°22’20’’) = 1,456
Equateur = 2,307 Tropiques 23°45’ = 2,074 Nombre d’or = 1,618 = latitude 40°75 Latitude 45°= 1,4696 Rectangle pythagoricien : 4/3 = 1,3333 = latitude 48°5 Latitude 55°75 = 1 : le rectangle est devenu carré. Le grand côté va devenir le petit côté. Latitude 65° = 0,3588 Et, pour conclure, méditons ce parcours labyrinthique qui incite à espérer qu’après bien des errances, on arrive à la chambre du secret.
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