1°) La table de lecture du cadran est installée dans le plan de l'équateur
céleste, ce qui exige, de la part des "clients de l'abbé Guyoux
un réglage convenable de l'orientation et de l'inclinaison
de l'instrument. Cette table lecture, réduite à une
simple couronne horaire, en bronze ou en laiton doit faire face, exactement,
au Nord gographique vrai et elle doit s'élever au dessus de
l'horizon local d'un angle égal au complément de la
latitude. Il ny a pas d'organe de réglage. Seul le support
de cette couronne horaire, constitué de deux volutes en fer
forgé, est à relever ou à abaisser par force.
D'origine, l'ouverture des volutes doit procurer la latitude 45° ou
46°, convenables au terroir de l'abbé. Un degré en latitude n'est
rien, mais ouvrir ou refermer de 1° ces pièces de ferronnerie n'est
pas une mince affaire. Il suffit pour s'en convaincre de regarder
le cadran du château du Pizay, redressé presque à l'horizontale, comme
pour une latitude quasi-polaire!
Toutefois, sur certains de ces cadrans, les volutes en fer forgé reposent
sur un quadrilatère en cornières métalliques doté d'un pied à chaque
angle. Par des rondelles interposées entre ces pieds et le dessus
de la stèle où il fallait les visser, on pouvait obtenir une correction
de la latitude d'origine, de plusieurs degrés, vers le Nord ou vers
le Sud.
2°) Le fait que la couronne horaire soit équatoriale entraîne, comme
conséquence, l'égalité des angles des lignes horaires entre elles
soit:
1 heure ..................15°
1/2 heure ................7°, 5
1/4 heure ................3°, 75
5 minutes .................1°, 25
1 minute ..................0°,25
La graduation de la couronne, qui va jusqu'à la minute de temps, s'en
trouve très facilitée.
3°) Un cadran équatorial équipé d'un style polaire ordinaire fonctionne
six mois par an par sa face supérieure et les six autres mois par
sa face inférieure. En effet, le Soleil reste six mois au nord de
l'équateur et les six autres mois au sud. En outre, à proximité des
équinoxes, le cadran ne fonctionne pas bien parce que le Soleil se
trouve dans son plan.
Fig. 6 : Clavius
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Mais, bien avant l'abbé Guyoux, avait été imaginé un système
remplaçant le style et son ombre par une alidade tournante dont
une branche est percée d'un oeilleton, tandis que l'autre branche
est constituée d'une plaque-écran où le rayon de Soleil, après
avoir traversé l'oeilleton, forme une petite tache lumineuse.
Un tel système est illustré par notre figure 6 qui représente
le cadran équatorial à alidade décrit par le célèbre jésuite
allemand Christophe CLAVIUS (1537-1612).
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Quand l'alidade est tournée, convenablement, vers le Soleil, un rayon
traverse l'un des deux oeilletons, celui du haut en été, celui du
bas en hiver, et tombe sur la plaque-écran dont le trait vertical
médian indique l'heure vraie sur la couronne horaire, tandis que des
échelons horizontaux procurent la date approximative et le signe zodiacal
où se trouve le Soleil.
4°)
L'abbé Guyoux perfectionna ce système comme le montre notre figure
7. Il se contenta d'un seul orifice au milieu d'un bras de l'alidade,
mais l'équipa d'une petite lentille basculante de 4 dioptries, dont
la distance focale de 0m,25 était égale à la distance de l'autre branche.
Ainsi, la tache de lumière était censée être toujours bien ronde,
nette et sans bavures périphériques. Sur ce point on lira avec fruit
la documentation de la Société Astronomique de France de Novembre
1999.
Sur la branche qui portait la plaque-écran était dessinée la courbe
en 8, avec l'initiale du nom de chaque mois, gravée à l'emplacement
de la tache de lumière, au premier jour du dit mois. Un trait médian
procurait l'heure vraie.
Le consultant avait donc le choix, ou bien de faire tomber le rayon
de Soleil sur le trait médian pour connaître le temps vrai, ou bien
de le faire arriver sur la courbe de Fouchy et d'aller lire l'heure
moyenne à l'arrivée du trait médian sur la couronne horaire. Notre
figure 8 montre l'allure générale de la courbe en 8 de l'abbé Guyoux.
Il faut remarquer que, par la suite, on a fait mieux, par exemple
à Montagnieu, près de La Tour du Pin, où, en 1936, le célèbre abbé
Bernard Kart obtenait, en lecture directe, grâce à des index de l'alidade,
les temps vrais et les temps moyens de Montagnieu, de Paris et de
Greenwich.
Fig. 7 : Principe Guyoux
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5°) La précision de lecture, sur un cadran Guyoux, était de l'ordre
de la minute de temps et la date pouvait s'estimer à quelques jours
près.
Toutefois, deux défauts persistaient:
a) lorsque la tache lumineuse s'écarte de la ligne des équinoxes,
allant vers le haut, en hiver ou vers le bas, en été, la distance
parcourue par le rayon de Soleil devient plus grande que la distance
focale de la lentille et la tache devient, inévitablement, baveuse,
sans que, pour autant, ses indications ne deviennent erronées.
b) il en va de même, mais dans des proportions infiniment moindres,
lorsque la tache s'écarte vers la droite ou vers la gauche, puisque
la plaque-écran est plane et que seule la ligne médiane tombe
sur la circonférence de la couronne horaire.
Il aurait fallu imaginer une plaque-écran cintrée, à la fois dans
sa hauteur et dans sa largeur. C'est ce que réalisa, en 1860,
un ingénieur parisien, M. FLECHET, qui remplaça la plaque par
une calotte sphérique dont tous les points étaient à la même distance
du foyer de la lentille. Il fit breveter son invention sous le
nom de "chronomètre solaire". Il n'est pas rare d'en rencontrer
dans les musées et les collections particulières.
Mais il reste encore, et pour toujours, le fait que l'équation
du temps n'est pas stable au cours des siècles et les belles formes
du huit sont éphémères !
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