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Cadrans solaires
de la cathédrale Sainte-Cécile d'Albi
5, boulevard Sibille , 81000 ALBI
albi *

* [* 43°55'41.55" N 02°08'33.18" E]

Avec la Berbie, l’ancien palais des évêques, la cathédrale Sainte-Cécile forme un ensemble architectural monumental unique.
Monument emblématique de la ville d'Albi, la cathédrale impose sa puissance par ses dimensions : 113 m de long, 35m de large, 40 m de haut.
Elle est posée sur un piton rocheux qui domine le Tarn. Un siècle aura été nécessaire pour son édification, de 1282 à 1390. Construite après l'hérésie cathare, cette cathédrale forteresse témoigne de la foi chrétienne. C'est un chef d'oeuvre du gothique méridional. Il s'agit d'un véritable château qui devint une arme dissuasive dans le système défensif de la ville.
La cathédrale Sainte-Cécile, est avec la cité épiscopale d'Albi, classée depuis le 31 juillet 2010 sur la liste du patrimoine mondial de l'Unesco.
Les fresques de sainte-Cécile représentent la plus grande surface de fresques de la Renaissance en France.
Le porche ou "baldaquin" (v. 1530), côté sud, est un chef-d'oeuvre du gothique. 

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Position des cadrans
sur le porche ou "baldaquin" : 3 cadrans
1 - pilier ouest du baldaquin : [inv. SAF : 8100401-4]
cadran cylindrique vertical, concave, gravé sur pierre

2 et 3  - deux cadrans complémentaires du XVIIème

2 - à gauche : [inv. SAF : 8100401-5]
cadran oriental, gravé et peint sur pierre,
rectangulaire, lignes et demies, chiffres, arcs diurnes, inscription dans banderole,
style droit terminé par un soleil à œilleton

3 - à droite : [inv. SAF : 8100401-6]
cadran occidental, gravé et peint sur pierres,
rectangulaire, lignes chiffrées, arcs diurnes, inscription dans banderole, style droit terminé par un soleil à oeilleton
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Ces trois cadrans représentent un patrimoine gnomonique remarquable. On retrouve sur cet ensemble toutes les dimensions de l'art gnomonique, à savoir :
- la dimension scientifique, ils constituent une leçon d'astronomie et de mathématiques ;
- la dimension artistique, révélée par la décoration ;
- la dimension philosophique et symbolique ;
et la dimension historique.
Les deux cadrans solaires jumeaux 2 et 3 sont datés de 1658, peints sur les faces intérieures des deux piliers du baldaquin. Leur grande dimension hors décors : 173 cm par 320cm en font "des géants de la gnomonique ancienne".
Ces cadrans sont complémentaires : orienté à l’est pour l’un qui donne les heures du matin et à l’ouest pour l’autre qui fournit les heures de l'après-midi.
La devise qui se décline sur ces deux cadrans fait référence aux héros de la mythologie grecque Castor et Pollux, qui se répartissaient  le temps de façon égale. "L’exposition unique de l’entrée de la cathédrale, l’orientation et la nudité des faces internes des piliers, les savoirs cosmographique, religieux et philosophique de leur auteur seront les facteurs déterminants qui donneront naissance à ce chef d’œuvre. Le choix des fils Tyndare mis en scène dans ce jeu mathématique solaire devient l’image des valeurs prônées par l’Eglise : sacrifice, partage, amour fraternel, volonté de sauver les âmes en détresse, invitation à méditer sur les thèmes de la vie et de la mort." [Didier Benoit (1)]

Ces cadrans ont été restaurés en 2009. Une restauration effectuée en 1760 a apporté un certain nombre d’erreurs, sans doute  à cause de l'effacement des dessins et textes d’origine.


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La devise, en deux parties, se lit sur les deux cadrans.
Sur le cadran oriental  :
" TYNDARIDAE ALTERNIS FRATRES VIXERE AT NOBIS VITAM DIVIDIT UNA DIES"
sur le cadran occidental :
"MUTUA SIC HOMINES UTINAM CONCORDIA JUNGAT UT SIBI PARTIRI COMMODA CUNCTA VELINT"
ce qui se traduit par :
"Les frères Tyndarides (Castor et Pollux) vivaient à tour de rôle un jour. Nos vies à nous se partagent chaque journée. Puisse un accord mutuel unir entre eux les hommes au point qu'ils veuillent se partager tous les biens de ce monde."
A noter que le mot "ALTERNIS" devrait s'écrire "ALTERNATIS"

Dans la mythologie grecque, Castor et Pollux, fils jumeaux de Léda, ne possédaient pas le même père. Castor était le fils du roi Tyndare alors que Pollux avait été conçu par Zeus lui-même épris de Léda. Ainsi, de par son ascendance divine, seul Pollux possédait l'immortalité. Lorsque Jason organisa son expédition pour la conquête de la Toison d'or, les deux frères inséparables furent parmi les premiers à s'embarquer sur le navire Ango et prendre part au voyage. Au cours d'une bataille contre une peuplade belliqueuse, Castor fut tué. Désespéré de voir son frère mort, Pollux alla voir Zeus pour que celui-ci lui redonne vie. Zeus refusa. Toujours aussi désemparé, Pollux demanda alors à partager sa propre immortalité avec Castor. Au terme de cet accord, Zeus accepta que Castor et Pollux fussent à tour de rôle, six mois par an, vivants sur l'Olympe et morts aux Enfers, mais ils n'auraient plus jamais la possibité de vivre de nouveau l'un avec l'autre.
Une autre version de la mythologie assure que Zeus accepta la résurrection de Castor à la condition que chacun des deux frères ne vécût qu'un jour sur deux. C'est cette variante mythologique qui est rapportée par cette devise.

[Extraits "Paroles de Soleil" (2)] - tome I - pages 154 et 155]
Les deux cadrans complémentaires sont associés à Castor et Pollux.
Pollux représente l’Orient, il est le symbole du christ ressuscité, de l’immortalité. L’ange musicien évoque le paradis.
Castor matérialise l'Occident, il évoque la dernière chance de changer son existence, un ange tend la main à cet effet. C’est le cadran de la mortalité.

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Albi : Cathédrale Sainte-Cécile
Cadran 1 - pilier ouest du baldaquin   [inv. SAF : 8100401-4]
cadran cylindrique vertical, concave, gravé sur pierre, style absent
courtes lignes horaires dans une couronne, chiffrées 10-12-4, à l'extérieur

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 Albi : Cathédrale Sainte-Cécile

Cadran 2  - cadran oriental [inv. SAF : 8100401-5]
peint, style avec oeilleton
arcs de déclinaison, signes du zodiaque
daté 1658 - restauration 1760

 "Face à l’est, Pollux décoré d’une croix pattée, regarde  le soleil levant, symbole du Christ ressuscité et de la vie éternelle. Un décor peint, le coiffe et laisse voir un ange d’allégresse musicien tenant un phylactère indiquant sa latitude et son orientation"

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Albi : Cathédrale Sainte-Cécile
Cadran 3- cadran occidental [inv. SAF : 8100401-6]
peint, style avec oeilleton
arcs de déclinaison, signes du zodiaque

"Face à l’ouest Castor décoré d’un batracien très effacé regarde le soleil couchant, symbole du monde de la mort. Un décor peint, en couronnement, laisse voir un ange tendant la main dans un ultime recours. Il tient lui aussi un phylactère indiquant sa latitude et son orientation, mais des restaurations antérieures ont faussé ces données. "

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1
Albi : Cathédrale Sainte-Cécile
cadrans avant restauration

  1 - cadran oriental, peint, style absent
[inv. SAF : 8100401-2]

2 - cadran occidental, peint, style absent
[inv. SAF : 8100401-3] 
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Références

(1) Site Didier Benoit : Cadrans solaires du Tarn (81) - Albi. Cathédrale d'Albi
(2) Paroles de Soleil - Tomes I et II - Editions Le Manuscrit 2005
Site Cité épiscopale d'Albi
Cathédrale Sainte-Cécile d'Albi - Wikipédia
Illustrations : Evelyne Tricot, Gérard Degoutte, Frédéric Lalos