LA STÈLE DE GRANIT GRIS ANTHRACITE ( Labrador
bleu )
A la tête du caveau s'élève une stèle de 1m.50 de haut,
découpée en demi-cercle, et à la tranche arrondie comme une portion de
tore, propre à évoquer la forme hémisphérique de la voûte céleste; sur
chacune des deux faces de la stèle, est figurée la moitié du ciel
visible à Lyon, à la date ( 27 Août 1957 ) où le couple est arrivé à
Lyon, venant de son village natal, en Espagne, telle qu'aurait pu la
contempler un observateur placé successivement de chaque côté de la
stèle.
Sur la face qui
domine la pierre tombale, et regarde vers le Sud-Ouest, le visiteur
peut donc voir le ciel du Nord-Est, tel qu'il s'organise au delà et au
dessus de la stèle. En bas, comme sortant de terre, se déploie la
silhouette du paysage lyonnais en ombre chinoise, avec Fourvière à
gauche. Les constellations sont représentées par leurs principales
étoiles, de couleur argent et de grosseurs différentes, avec un nombre
variable de rais, cinq ou six. De fines gravures les relient pour
évoquer les formes conventionnelles des constellations. On reconnait
les deux Ourses, Cassiopée, le Cygne avec Deneb, le Bouvier avec
Arcturus, Altaïr au coeur de l'Aigle. La Voie lactée traverse toute la
voûte céleste en direction de Compostelle où notre monde s'arrête. Tout
à droite, figure le sablier emblématique déjà évoqué ci dessus. En
arrondi, suivant le cercle de la pierre, s'étire sur deux rangs, en
lettres dorées, la devise : " LE TEMPS EST LE LANGAGE DE DIEU,
L'ESPACE SON DOMAINE ".
Sur la face arrière de la stèle, le même ciel est représenté, du côté
du Sud-Ouest, toujours conforme à sa disposition au jour de l'arrivée
de la famille en France, tel que l'aurait vu un observateur placé de ce
côté de la stèle, après en avoir fait le tour. On y remarque le Lion
avec Régulus, la Vierge, Orion. Ici le paysage représenté est celui du
village d'origine d'Emile et Marie. Ainsi un double hommage est rendu à
l'Espagne, terre maternelle, et à la France, terre d'accueil. A
l'extrême droite, se lève Saturne et la Lune, en son Premier Quartier,
vient de franchir le méridien.
En symétrique de l'inscription de l'autre face, court une
devise qui avoue la misère de l'homme : " ON NAIT POUR
APPRENDRE, ON MEURT EN IGNORANCE " .
Ainsi, les deux bornes d'une existence, naissance et mort, se
trouvent-elles définies par ces horloges célestes, discrètes et
innombrables, toujours justes car enchaînées à la Polaire, dont la
ronde emporte celle des heures qui tissent la vie des hommes.
Lorsque le temps futur aura effacé le souvenir et que les anniversaires
ne seront plus commémorés, le Soleil, toujours, d' une ombre légère,
exacte et fidèle, continuera de marquer, sur ces pierres de mémoire, le
retour des cycles de la vie et de la mort.
Quant à lui, ce caveau, d'une si originale et symbolique conception,
manifestera longtemps qu'il est possible, tout en demeurant fidèle à un
thème particulier, de faire oeuvre funéraire novatrice et cependant
classique, loin de certaines créations modernes, déjà tellement
recopiées, que leur singularité première, à force de se rencontrer sans
cesse, paraît, désormais, d'une regrettable banalité.
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