2°) LE TYMPAN
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Figure 3a : Le disque du tympanTympan fixe sur
lequel on vient lire la position des astres par rapport aux
repères locaux. On peut voir Les cercles de hauteurs et ceux
d’azimut Les cercles d’heures temporaires Les cercles correspondant
aux « maisons »
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Figure 3b : principe de tracéDétails des familles
de ligne du tympan : la ligne d'horizon, ainsi que l'équateur
et les deux tropiques et une seule ligne de chacune des familles
hauteur( -18°), azimut (+40°), heure temporaire (X heures de
nuit), maisons 3.
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C'est un disque plat dont on peut affirmer qu'il a été tracé pour
la latitude exacte de 45°. Cela ressort du fait que l'équateur coupe
la méridienne sur le cercle de hauteur 45° (qui a, ici, même valeur
que la colatitude). On y distingue les 7 familles de lignes suivantes
(Cf. ALBUM_Saint-Jean):
2.1 - la ligne d'horizon, ou hauteur 0°,
rouge, non numérotée.
2.2 - au dessous de cet horizon, la ligne
rouge de hauteur -18° qui représente la frontière entre le crépuscule
astronomique et la nuit noire; non numérotée.
2.3 - dix-sept courbes de hauteur, de couleur
noire, (ou almucantarats"La tendance
actuelle serait d'écrire almicantarat, mais comme il s'agit d'un mot
arabe on ne peut guère faire mieux que d'en rendre la prononciation."),
pour des hauteurs d'astres étagées de 5° à 85° et numérotées, en chiffres
arabes noirs, par pas de 10°, de 10° à 90°. La hauteur 90°, pour un
astre au zénith, se réduit à un point.
2.4 - trente-six lignes d'azimut, de couleur
noire, une tous les 10°, avec une numérotation particulière aux astrolabes,
qui s'organise en 4 séries de part et d'autre de deux axes, l'un Nord-Sud
et l'autre Est-Ouest. Ces axes se coupent à angle droit, sur le pôle
du tympan et les azimuts numérotés 0° coupent l'horizon sur l'axe Est-Ouest
et progressent, de 10° en 10°, jusqu'au méridien Nord-Sud où ils valent
90°. Les chiffres arabes noirs qui les identifient sont tracés de plus
en plus gros, à mesure qu'on progresse vers le haut du tympan.
2.5 - les trois cercles de l'équateur, du
tropique du Cancer, du tropique du Capricorne. Bien que le Capricorne
soit tracé très près du bord du tympan, il ne constitue une limite que
pour les lignes tracées au dessous de l'horizon; les azimuts et les
almucantarats le franchissent et atteignent le bord même du tympan.
2.6 - sous l'horizon, onze courbes noires,
allant du Cancer au Capricorne, délimitent, avec cet horizon, douze
tranches de nuit: ce sont les heures temporaires de nuit. Ces heures
temporaires de nuit découpent, en douze tranches égales, la durée qui
s'écoule entre le coucher du Soleil et son lever du lendemain. Elles
sont donc égales entre elles, n'importe quel jour mais, collectivement,
inégales de jour en jour. A la latitude de Lyon, elles valent sensiblement
:
au solstice d'été (Cancer) :
8 h 30 m / 12 = 0 h 42 m
aux équinoxes (Bélier, Balance) :
12 h / 12 = 1 h 00 m
au solstice d'hiver (Capricorne) : 15 h
30 m / 12 = 1 h 17 m
Ces heures temporaires s'appellent aussi antiques, inégales, bibliques,
judaïques. Il faut bien voir qu'elles ne sont pas des instants, comme
nos heures modernes, mais des durées et il est mieux de les numéroter,
non pas sur la ligne mais dans l'espace entre deux lignes. Si on numérote
les lignes elles-mêmes, comme sur ce tympan, de I à XII, en chiffres
romains noirs, on exprime l'idée que la ligne marque la fin de la plage
horaire: à minuit la sixième heure temporaire e nuit est accomplie et
on entre dans la septième. Le système fonctionne aussi, mutatis mutandis,
de jour et, jusqu'à la Renaissance, toute l'Europe s'en accommoda. Les
douze heures temporaires de nuit étaient suivies de douze heures temporaires
de jour, la sixième accomplie étant notre midi. Il n'y avait égalité
entre les heures de jour et les heures de nuit que les jours d'équinoxes
où elles valaient, toutes, une de nos heures modernes. Sur l'horizon
Est, et confondues avec lui, se placent le début de la première heure
de jour (qu'il n'est pas convenable d'appeler l’heure zéro), et l’heure
douze de nuit. Sur l'horizon Ouest, et confondues avec lui,se placent
le début de la première heure de nuit et l'heure douze de jour. Sur
ce tympan, et, sans doute, pour de simples raisons de lisibilité, seules
sont tracées les heures de nuit. Elles tournent de droite à gauche par
le bas, donc en sens horloge.
2.7 - du point 90°, à l'intersection de l'horizon et du méridien, donc
depuis le Sud, rayonnent douze arcs de cercle rouges, numérotés de 1
à 12, en chiffres arabes rouges et en sens anti-horloge. Les arcs 1
et 7 sont confondus avec l'horizon. Ces arcs de cercle forment les frontières,
ou cuspides, des maisons astrologiques, purement locales, ici, dans
le système de domification attribué à Campanus
de Novare"Campanus : géomètre italien, vécut à Novare au XIIIè
siècle. Sa traduction d'Euclide, sur le texte arabe, est la première
reçue en Europe. Venise imprima ses commentaires en 1482. On lui attribue
un système de domification, toujours en faveur chez les astrologues,
bien qu'il subisse, de nos jours, la concurrence d'une vingtaine de
systèmes rivaux. " (XIIIème siècle). La sphère
céleste locale est découpée, en 12 secteurs sphériques égaux de 30°
chacun. Les pôles se placent sur un axe horizontal Nord-Sud. Les maisons
1 à 7 sont sous l'horizon; les maisons 8 à 12 sont au dessus de l'horizon.
L'ascendant (horizon oriental) se place sur la cuspide de la maison
N°1 et le descendant sur la cuspide de la maison N°7. Fond du ciel et
Milieu du ciel se trouvent respectivement sur les cuspides des maisons
N°4 et N° 10. La présence du Soleil, de la Lune ou des planètes dans
telle ou telle maison est prise en considération par les astrologues.
Mais sur cet astrolabe, ni la Lune ni les planètes ne figurent parmi
les corps en mouvement dans des systèmes de coordonnées. Le consultant
ne peut que mesurer leur hauteur, par visée à travers l'alidade à pinnules,
ce qui ne suffit pas pour localiser l'astre parmi les maisons astrologiques
ou les échelles de déclinaison ou les partitions horaires. La présence,
sur le tympan, de ces différentes familles de lignes, permet de comprendre
que, sur une surface balayée par le Soleil, son ombre ou son image,
tout point individuel est significatif dans un système de coordonnées
particulier et aussi dans tous les systèmes que l'astrolabiste ou le
cadranier a superposés: il n'y a pas de hiatus dans la succession du
temps, pas plus que dans le déploiement de l'espace et l'un comme l'autre
peuvent être saisis et analysés, selon tous les points de vue que peut
engendrer l'esprit humain. Le seul "rationnement" que supporte le graveur
provient de l'obligation de lisibilité de ses diagrammes. Les choix
opérés ici témoignent de souvenirs culturels, de connaissances scientifiques
et de préoccupations astrologiques c'est à dire d'interrogations sur
le destin de l'homme. Tympan ALBUM
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