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Le gong-méridien du Jardin des Plantes
PARIS 05



Jardin des Plantes (Paris) - Wikipédia
Gloriette de Buffon - Wikipédia


"Cadrans solaires de Paris" - Andrée Gotteland & Georges Camus - CNRS Editions - 2000


Paris 05 : 25, rue Cuvier
Le gong-méridien du Jardin des Plantes
[48°50'42.88" N 2°21'33.90" E]

La création  du "Jardin du roi" fut décidée en 1626, sous Louis XIII. Sa réalisation date de 1635. Ce jardin présente dès son origine le plan général de l'actuel jardin.
Il s'ouvre au public en 1640.
À la Révolution il est nommé "Jardin des plantes de Paris". Il s'étend sur une superficie de 23,5 hectares, situé dans le 5ème arrondissement de Paris, entre la mosquée de Paris, le campus de Jussieu et la Seine. Il appartient au Muséum national d'histoire naturelle.
La butte sur laquelle se trouve aujourd'hui le "Labyrinthe" surmontée de la gloriette de Buffon", était, au Moyen Âge, une décharge à ciel ouvert.
Il a été placé sous le patronage de Buffon (1707-1788) jusqu'en 1788.
La gloriette est un petit édifice de fer et de bronze, circulaire de 4 m de diamètre. Elle repose sur huit colonnes métalliques et ouvragées, disposées en cercle, soutenant une structure circulaire en treillis.  Au sommet de ce belvédère, se trouve une sphère armillaire  terminée par une girouette.
C'est la plus ancienne oeuvre métallique de Paris, faite avec du fer provenant des forges de Buffon à Montbard (21).



Commandée par Buffon, la gloriette a été édifiée en 1786 par l'architecte Edme Verniquet (1727-1804), sur une butte constituée de gravats provenant de la destruction de l'ancienne orangerie sur laquelle figurait un cadran solaire.
Afin d'annoncer midi comme au Palais-Royal, Buffon fait installer un gong-méridien au sommet du kiosque. Sa réalisation est confiée à Edme Régnier (1751-1825).
Une louange dédiée à Louis XVI est inscrite : "DVM LUMINE ET CALORE SOL MVNDVM VIVIFICT, LVDOVICVS XVI, SAPIENTA ET JVSTIFIA, HVMANITATE MVNIFICIENTIA INDIQVE RADIAT, MDCCLXXXVI" qui signifie "Tandis que le Soleil vivifie le monde par sa lumière et sa chaleur, Louis XVI rayonne partout par sa sagesse, sa justice, son humanité et sa munificence, 1786"
Cette inscription disparaîtra sous la Révolution.

En 1795, suite à un accident, il est mis fin à son usage. Ce gong-méridien n'aura finalement fonctionné que très peu de temps, moins de dix années. Il a disparu et ne subsiste aujourd'hui que la devise : "HORAS NON NVMERO NISI SERENAS" "Je ne marque les heures que si elles sont serienes".

La collaboration entre Buffon, Verniquet et Régnier n'est pas dûe au hasard. Ils sont tous trois du Châtillonnais en Bourgogne. Buffon est né à Montbard (21), Verniquet à Châtilon-sur-Seine (21) et Régnier à Semur-en-Auxois (21) .
En septembre 1782, il est relevé :  « l'immensité de fer qui [se] consomme » au Jardin du Roi et qui « occupe merveilleusement les forges de M. le comte de Buffon ». [Louis Petit de Bachaumont, "Mémoires secrets pour servir à l'histoire de la République des lettres en France depuis 1762.]

Source (p.117)


  Aquarelles -  J.B.  Hilair (1753-1822) [Source : gallica.bnf]

Fonctionnement du gong-méridien"

Voici la description que donne en 1787 Thiery (*) de ce "méridien, sûr et exact, qui réunit la précision de l'effet du Soleil avec le timbre le plus sonore" ... "Le tout [fut] couronné d'une sphère armillaire posée sur un piédouche. Dans cette sphère fut placé un mécanisme destiné à sonner midi : un marteau frappait douze coups sur un tambour de cuivre; il était mis en mouvement par un contre poids lâché par la rupture d'un fil de crin, brûlé par le foyer d'une loupe posée sur l'amortissement de la première corniche. On remettait en marche le mécanisme en remplaçant chaque jour le fil de crin."

L'auteur pousuit :  "L'inventeur de ce méridien sonnant, analogue au « canon » du Palais-Royal, était l'ingénieur bourguignon  Edme Régnier, de Semur-en-Auxois, célèbre à plus d'un titre. On lui alloua, pour fournitures et prix de ses journées, 1 055 livres, plus, pour le modèle du méridien et son voyage de Semur à Paris, 198 livres. 150 livres furent encore payées à un sieur Mahio « pour deux mortiers en cuivre servant au méridien .» (mortiers sans doute destinés à tirer des bombes, pour déclencher le mécanisme, les jours où il n'y avait pas de soleil).
(*) "Guide des amateurs voyageurs à Paris" - 1787- tome II, p. 180-181.

Source

Un cadran analogue de Régnier est conservé au Conservatoire national des Arts et Métiers (CNAM).


Timbre et bloc-feuillet émis en 2009
Salon du timbre et de l'écrit 2010
Jardins de France - Jardin des Plantes Paris

Ce gong-méridien inspire les écrivains de toutes époques. Il est évoqué dans le "Jardin du Roi" de Etienne-Laurent-Jean Mazade, marquis d'Avèze en 1818 puis récemment dans "L'Année du Volcan" de Jean-François Parot en 2014.