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SAINT-ÉTIENNE
Cadrans de l'Église Notre-Dame
Place Chavanelle
Source :


Eglise Notre-Dame
Place Chavanelle - Saint-Etienne
Le cadran solaire dont il est question ici fut installé début 2006 sur l'église Notre-Dame à  Chavanelle.
Nous devons sa restauration à  l'Association du Cherche-Midi

Si on s'amusait à  faire une étude à  propos des cartes anciennes illustrant la ville de Saint-Etienne, il est probable que l'Hôtel de Ville arriverait en tête dans la catégorie Edifices.
La raison de cette préférence s'explique par le dôme imposant qui le coiffa jusqu'en 1953 et qui faisait la fierté de "Sainté". Dominant la cité du haut de 51 mètres, il symbolisa pendant un siècle son formidable essor industriel.

Hôtel de Ville : Saint-Etienne
avec son dôme - début XIXème
Hôtel de Ville : Saint-Etienne
2009

Sur ce dôme de la " Maison du Peuple " un campanile abritait deux cloches et un bourdon de 3,8 tonnes, on y lisait l'heure sur une pendule circulaire encadrée de deux statues et surmontée des blasons de Saint-Etienne, Montbrison et Roanne. Il y avait aussi un cadran solaire rarissime dont les débris aujourd'hui sont gardés par une association stéphanoise dont nous avons oublié le nom. C'est le fonctionnement de ce cadran solaire que nous allons évoquer ici, en reproduisant en grande partie un article publié dans La Région illustrée dans les années 30 et qui est signé par son créateur, Louis Chomard, professeur à  l'Ecole des Mines. Mais auparavant quelques mots à  propos de l'histoire tumultueuse de l'Hôtel-de-Ville dans son ensemble.

Vue sur le dôme et zoom sur le cadran solaire.
Ce dernier mesurait 6 mètres pour une largeur de 2, 20 mètres et était composé de quatre dalles de marbre juxtaposées.
C'est Louis Chomard, professeur d'analyse mathématique à  l'école des Mines qui l'élabora au début des années 30.

La première maison abritant les représentants de la ville était située au XVIème siècle près de la Grand'Eglise, puis ensuite en face de cette même église, puis pendant la révolution à  l'église Saint-Louis. Son emplacement actuel date de la première moitié du XIXème siècle. L'architecte choisi fut Jean-Michel Dalgabio. La première pierre fut posée le 25 août 1822 et son inauguration eut lieu le 24 février 1835.
En 1856, dans La France par cantons et pas communes, Théodore Ogier faisait une description peu flatteuse de l'Hôtel-de-Ville stéphanois : "L'Hôtel-de-Ville a été élevé entre les deux places dites de l'Hôtel de ville et de Marengo. La position était belle pour faire de la grande architecture, et pourtant, d'après l'avis de tous les hommes compétents, c'est une oeuvre manquée ; rien de majestueux, point d'expression, rien qui annonce sa destination. Ses deux façades manquent d'élévation. Le perron qui donne accès à  la principale entrée est assez bien, mais rien, dans l'ensemble, ne dénote la destination de l'édifice. Ce pourrait être une bourse, un théâtre, un temple, mais on ne devinerait pas que c'est l'Hôtel-de-Ville d'une cité de plus de 50 000 âmes. La construction est massive ; la façade écrasée par la lourdeur des détails. Une espèce de pavillon, petit, maigre, sans élégance, contient le beffroi, dont la sonnerie sert à  l'horloge à  cadran transparent ; la justesse du mécanisme de cette horloge et son cadran transparent sont les seuls objets remarquables de ce monument." .
Quant au dôme, il fut ajouté sous le Second Empire et achevé en 1860. Sa première horloge fut commandée à  Richard, un horloger lyonnais avant qu'elle ne rejoigne l'église de Montaud, remplacée par un autre mécanisme (jurassien) puis un troisième (parisien) en 1873. Dès le début, ce bâtiment connut des difficultés, ce qui explique la durée des travaux. Difficultés financières mais surtout techniques qui perdurèrent jusque dans les années 1950 !
En 1933, la presse ironisait : "Quand il pleut, l'Hôtel-de-Ville se transforme en établissement de bains." Une note des services municipaux, citée par Claude Crétin dans son ouvrage Saint-Etienne : histoire d'un Hôtel-de-Ville indique pour cette même année que l'édifice s'est enfoncé de 30 cm en trois ans ! La faute à  la mine ? Plutôt au lit souterrain du Furan, dévié en 1807.
En 1951, un rapport indique à  propos du dôme : "le campanile abrite les cloches sur lesquelles l'horloge pique les quarts et un bourdon qui sonne les heures et que l'on n'ose plus déranger pour d'autres appels tant il communique à  la charpente d'inquiétantes vibrations." Le dôme fut désossé au grand dépit des Stéphanois et du journal Le Patriote qui fit son éloge funèbre : "C'est un morceau de Saint-Etienne qui s'en va, un morceau de choix comme la Place du Peuple."
Des projets sans suite furent un moment envisagés, comme celui d'un nouveau dôme de 48 mètres de haut, décoré par des dalles de verre coloré de Saint-Just. Aujourd'hui la mairie semble toujours aussi nue sans " chapeau ".


Le premier cadran solaire datait de 1891 et avait un rôle principalement décoratif, il subit très vite les foudres du climat. Dès 1904, on souhaita le rénover mais il fallut attendre 1930 pour que Mr Chomard (photo ci-dessous), professeur de mathématiques se charge des calculs nécessaires à  sa nouvelle réalisation. Entre temps (1911) on était passé au Temps Universel de Greenwich. Jusqu'en 1911, c'est l'heure solaire locale qui était marquée.


DESCRIPTION DU CADRAN

Le cadran supérieur correspond à  l'hiver et au printemps, le cadran inférieur à  l'automne et à  l'été. Dans les deux le temps est donné par l'extrêmité de l'ombre des styles.

- de haut en bas sont les 24 courbes horaires.
- de gauche à  droite les courbes diurnes suivies par le soleil durant tout un jour.
- les courbes limitant le cadran tout en haut et tout en bas correspondent aux solstices d'hiver (21 décembre) et d'Eté (21 juin).
- les lignes droites obliques traversant les deux parties à  mi hauteur correspondent en haut, à  l'équinoxe de printemps (21 mars), en bas, à  l'équinoxe d'automne (21 septembre).
- la ligne droite verticale qui traverse l'ensemble correspond à  la méridienne. Quand l'extrêmité de l'ombre des stylesest sur cette ligne, le soleil passe au méridien de Saint-Etienne. Il est donc midi vrai local, mais il n'est pas midi à  la montre, car ce n'est pas le midi moyen de Greenwich.
- sur la partie supérieure les lettres J, F, M, A, M, J désigne les mois de janvier à  juin.
- sur la partie inférieure, J, A, S, O, N et D désignent les mois de juillet à  décembre.
- à droite, les 1er et 15 de chaque mois.
- sur les lignes des solstices, tout en haut et tout en bas sont indiquées les heures aux deux extrêmités des lignes horaires.
- de haut en bas sont les 24 courbes horaires.
- de gauche à  droite les courbes diurnes suivies par le soleil durant tout un jour.
- les courbes limitant le cadran tout en haut et tout en bas correspondent aux solstices d'hiver (21 décembre) et d'Eté (21 juin).
- les lignes droites obliques traversant les deux parties à  mi hauteur correspondent en haut, à  l'équinoxe de printemps (21 mars), en bas, à  l'équinoxe d'automne (21 septembre).
- la ligne droite verticale qui traverse l'ensemble correspond à  la méridienne. Quand l'extrêmité de l'ombre des stylesest sur cette ligne, le soleil passe au méridien de Saint-Etienne. Il est donc midi vrai local, mais il n'est pas midi à  la montre, car ce n'est pas le midi moyen de Greenwich.
- sur la partie supérieure les lettres J, F, M, A, M, J désigne les mois de janvier à  juin.
- sur la partie inférieure, J, A, S, O, N et D désignent les mois de juillet à  décembre.
- à droite, les 1er et 15 de chaque mois.
- sur les lignes des solstices, tout en haut et tout en bas sont indiquées les heures aux deux extrêmités des lignes horaires.

Les calculs ont été faits de demi-heure en demi-heure et les 1er et 15 de chaque mois, c'est à  dire qu'il a été calculé un peu plus de 300 points. Les deux cadrans auraient pu être superposés ; on se rend compte que chaque courbe horaire aurait donné un 8 incliné et très allongé, qu'on appelle la courbe de l'équation du temps mais la lecture eut été plus difficile. En séparant les deux cadrans, l'un porte les branches descendantes des 8 (partie supérieure), l'autre les branches ascendantes (partie inférieure), et la confusion est rendue impossible.
Comme il vient d'être expliqué plus haut, l'extrêmité de l'ombre donne tout à  la fois l'heure et la date. Très exactement sur les lignes et quand il s'agit d'une marque entre les lignes, on fait une interpolation à  vue, c'est à  dire une estimation.

 

Exemples (les marques sont de couleur roses sur les images) :

A = 2 heures du soir (14 h 00) le 1er mars
B = 11 heures 30 du matin le 15 août
C = environ 10h 40 du matin le 6 juin
D = environ 2 heures 15 du matin (14h 15) le 11 octobre


Puisse ce cadran solaire intéresser les Stéphanois et leur donner en même temps le goût de l'astronomie. (...) L'animal ne regarde jamais le Ciel. L'homme lève la tête, contemple puis il admire et réfléchit. Il comprend alors qu'il est plus grand que les mondes, plus haut que les étoiles, que la pensée va plus vite que la lumière, que l'esprit l'emporte sur l'espace et sur le temps. Et, de la Création visible et magnifique, il remonte au Créateur invisible mais nécessaire. Oui, nous pouvons dire avec notre grand Laplace : " L'astronomie, par la portée de ses conséquences et la frandeur de son objet, est le plus beau monument de l'esprit humain. "

Louis Chomard

"L'ombre passe, la lumière demeure"