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Choeur ensoleillé
Abbatiale de Saint-Antoine en Dauphiné (38)
© Paul Gagnaire
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Choeur ensoleillé
Abbatiale de Saint-Antoine
[ 45° 10’ 35" N - 5° 12’ 56" E ]

Dans l'abbatiale de Saint-Antoine en Dauphiné, déjà si accueillante aux rayons du Soleil, dispensateurs des heures et des dates, la tradition enseigne encore que le choeur serait la seule zone ensoleillée de l'église, certains jours, lorsque le Soleil passe par l'azimut de la grande verrière occidentale.
A cet instant, les deux degrés qui supportent la barrière en fer forgé du choeur ( jadis table de communion ), formeraient comme une frontière à la lumière qui s'étendrait alors jusqu'au fond du choeur, laissant la totalité de la nef hors soleil. Sans prétendre élucider, faute de mesures rigoureuses, ce problème à la décimale près, il nous a semblé intéressant de le présenter, à la fois comme nous le percevons de nos jours et aussi comme a dû l'affronter l'architecte de l'église, à la fin de la période gothique.
L’illumination du chœur est produite par toute la hauteur de lumière qui la traverse ; le phénomène de la colombe n’est produit que par le rayon de Soleil qui traverse le vitrail en losange, tout en haut de la verrière.

Site à consulter
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La grande verrière au dessus du porche L’illumination du chœur est produite par toute la hauteur de lumière qui la traverse.

Le problème vu par nous

Nous sommes dans une position privilégiée puisque nous pouvons admettre qu'il a existé un problème et qu'il a été résolu. Ainsi nous penserons, en réfléchissant sur le schéma de principe :
1) qu'il se trouve bien un jour ou, plutôt, une paire de jours où le Soleil passe par l'azimut de l'axe de l'église, à une hauteur telle qu'il projette l'image de la grande verrière occidentale exactement dans le choeur, sans qu'elle ne commence dans la nef ni qu'elle n'escalade le mur du fond du choeur.
2) que cette hauteur du Soleil, à l'instant du phénomène, est juste adéquate pour que l'angle sous lequel il projette la verrière rende égales la longueur de la projection de la verrière et la longueur du choeur où elle va, en quelque sorte, se coucher.
3) que les longueurs AB, BC, CD, DE, qui sont interdépendantes, ont été choisies, non seulement de façon à soutenir entre elles des rapports de compossibilité, mais encore dans un ordre préférentiel tel qu'il assurât la subordination des mineures à celles que l'architecte tenait pour majeures.

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Le problème vu par l'architecte

Le lieu, donc la latitude, étant choisi, il a dû décider, ou accepter, l'azimut de l'axe majeur de son église. Ici c'est, à très peu près, la direction cardinale Est, soit 90° depuis le Nord en sens horloge; donc l'axe renversé vise l'Ouest, ce qui veut déjà dire que le phénomène du Soleil, dans l'axe de l'église et pas encore couché, ne se produira pas entre les deux équinoxes, de Septembre à Mars. Ensuite, se préoccupant du plan au sol, avant d'en venir à l'élévation, l'architecte a dû déterminer les longueurs CD et DE, sans doute, pour des raisons étrangères à la gnomonique. A ce point de la reconstitution, nous ne saurons pas si la verrière AB a été imposée par la hauteur du mur AC, ou si le point B et la hauteur AB ont été choisis préférentiellement, parce qu'ils auraient ainsi constitué la condition nécessaire pour que les dates mises en valeur par le phénomène lumineux soient bien celles qu'on voulait manifester. Il est clair que, si l'emplacement AB ne dépend pas d'intentions gnomoniques, les dates d'apparition du phénomène n'ont plus de signification dans un référentiel symbolique ou religieux.

 

Nos simulations

Sur le schéma n° 1, nous faisons arriver la lumière juste au seuil du choeur. On voit qu'il s'en faudrait d'environ 8 mètres pour qu'elle atteigne, en même temps, exactement le fond du choeur.

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Dans cette simulation, la hauteur du Soleil est de 22° et sa déclinaison de 15°41, ce qui procure les dates du 3 Mai et du 10 Août grégoriens.

Sur le schéma n° 2, nous faisons arriver la lumière exactement au fond du choeur. On voit qu'ainsi la frontière entre l'ombre et la lumière avance au delà du seuil du choeur de 5 à 6 mètres.

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Dans cette simulation, la hauteur du Soleil est de 19°5 et sa déclinaison de 13°7, ce qui procure les dates du 27 Avril et du 16 Août grégoriens.
En toute rigueur, on ne peut pas dire que la tradition se trouve parfaitement validée, mais nous manquons de mesures rigoureuses et, même, tout simplement, d'observations qui lèveraient l'incertitude.

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Schéma n°1 Schéma n°2

Le phénomène de la colombe illuminée

Le phénomène de la colombe n’est produit que par le rayon de Soleil qui traverse le vitrail en losange, tout en haut de la verrière. Le Soleil, dans l'axe ouest de la nef, pousse l'ombre d'une colombe suspendue au-dessus du maître-autel, jusqu'à ce qu'elle soit exactement limitée par une pierre blanche triangulaire, bouchardée, au début du choeur. Les conditions d'azimut et de hauteur du Soleil sont réalisées le 6 août, fête de la Transfiguration et le 9 mai, fête de Saint-Pacôme.


Le clou de la Saint-Martin

Un clou de fer existe dans une chapelle latérale de l'Abbaye de Saint-Antoine. Le Soleil l'éclaire le 11 novembre à midi, fête de Saint-Martin et jour traditionnel de paiement des fermages. Par symétrie, le clou s'illumine le 2 février, fête de la Purification.
[ Extraits "Le rêve d'une ombre" p.99 - Yves Opizzo & Paul Gagnaire]

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Le vitrail dont le losange central, incolore, livre passage au Soleil qui vient illuminer le clou